ROMAN / experience

Cette expèrience, qui n'a plus court à présent, a été celle du "Roman en direct" sur le Web. Un roman autobiographique qui couvre toutes les années pendant lesquelles s'est lentement amassé le matèriel sonore qui a aboutit à "PATCHWORK", le double album. Roman "En direct" oui, mais sur une longue durée car son auteur n'est pas un marathonien de l'écriture... Alors une certaine "méthode" a été choisi : chaque fois qu'un souvenir digne d'intérêt pointait le bout de son nez, il est stocké sur cette page sous forme d'un titre en attente de developpement. Aprés, lorsqu'il y a l'envie, ou le besoin, ou le courage, ou le temps... bref lorsque c'est possible, Sil raconte la petite histoire qui attendait son heure, et elle est insérée dans le site avec un lien sur le titre contenu dans cette page. Cela a duré un certain temps, jusqu'à ce que la composition du roman prenne une forme plus "classique".

En 2013 ce projet est devenu un livre abouti et publiable nommé "Silereves Hors du monde" .

 

Liste des ajoûts successifs

-ajout du 02/01/2008 (texte commencé quelques mois plus tôt dans un blog sur DBC et intitulé "Sil s'en va au ciel")

-ajout du 13/09/2007 (scène de l'interrogatoire au ciel et future introduction au roman)

-ajout du 19/10/2005 (scène du faux éléve de l'école d'orgue (cathédrale de Chartres)

-ajout du 15/08/2005 (scène du cinéma)

- ajout du 10/08/2005 (scène du groupe fictif)

- ajout du 05/08/2005 (scène du disque rayé)

- ajout du 04/08/2005 (introduction)

Introduction.

La mémoire, finalement il m'en reste un peu. C'est comme une feuille de papier en bouchon qu'il faut déplier soigneusement : on ne sait pas sur quel souvenir on va tomber. Tout s'organise peu à peu, au fur et à mesure que les pièces du puzzle se mettent en place. Est-ce que ça suffit pour faire un roman ? Je sais, je sais... les premiers romans sont presque toujours autobiographiques : ça, c'est hallucinant de manque d'originalité. Mais je suis désolé, chaque fois que j'ai essayé d'en commencer un, ça partait en vrille et au final je récoltais quelque chose ou bien de totalement débile, ou bien de carrément sans aucun fil rouge. Tiens : le "fil rouge", c'est important. C'est une idée, un personnage, une situation sur laquelle reposera la trame du roman. Ca empêche de pondre un truc sans queue ni tête. Peut-être que mon fil rouge c'est justement la recherche d'un putain de fil rouge à travers les anecdotes de ma vie.

.ici inclure introduction au ciel

.ici inclure le "poême non-enregistré"

Allez savoir. J'ai déjà trouvé ce fil rouge, j'en ai même carrément fait un pull, en composant un double cd de musiques puisées dans mes archives. Je les ai collées ensemble et ça a donné ça :

.ici inclure un extrait de la tentative d'explication de "Patchwork".

Heu... vous êtes encore là ? Bon, là pour faire plus simple mon fil rouge ce sera la "bio" que j'ai incluse dans le site internet qui présente ces cd's : peu à peu je vais y inclure ce qui me revient en tête, et puis ça va gonfler, gonfler, et ça va me gonfler jusqu'à devenir le roman de l'année. Au moins.

Cette "bio", elle commence comme ça :

 

Chapitres :

1978 : SIL découvre qu'en appuyant suffisamment fort sur le bras de son tourne-disque, le vinyl se marque et ça fait "scratch", un bruit blanc. Lorsqu'on re-écoute le disque le bruit est toujours là, en quelque sorte "enregistré" : ainsi a-t-il pu graver une nouvelle version de Pink Floyd/Meedle, pleine de "scratchs".

.ici inclure scène du groupe fictif

.ici inclure scène du disque rayé pour Mad

Aprés ce premier disque immolé sur l'autel de la créativité, on lui offre son premier petit magnétophone mono à cassettes, et c'est le début d’une longue série d’enregistrements (bruitisme, orgue, guitare slide, chansons folks). Chaque cassette est conçue comme un concept-album dont tous les morceaux sont joints par des sons naturels (claquements de portes, fenêtres, eau, cris, respirations, bruits de pas, feuilles de Maïs sous le vent, et même le son d'un rouleau de scotch pour vraiment donner une idée du "collage" réel des bouts de bande magnétiques), c'est à chaque fois un "concept-album de SILEREVES" avec sa couverture soigneusement choisie et tout et tout. Un seul regret (à l'époque) : il est impossible de graver cela sur un vrai vinyle, comme sur "Meedle", ce qui aurait vraiment permis de faire illusion... Alors Sil passe ses cassettes tout en faisant tourner un vinyl muet sur la platine, il écoute son oeuvre en regardant le disque tourner, tourner, tourner... SIL s’invente aussi un système de re-recording primitif qui consiste à occulter la tête d’effacement du magnéto à l’aide d’un morceau de scotch (encore !), une sorte de multipiste artisanal et économique (et trés alléatoire quant au résultat), il boucle également les bandes des minicassettes (avec du ...scotch) pour réaliser des séquences sans fins qui serviront de bases à de futures compositions. Ecriture aussi : SIl rédige dans un fanzine dédié à Klaus Schulze un article de plusieurs pages sur l’anti-musique, une partition où chaque note serait jouée aléatoirement et par couches de plus en plus importantes jusqu’à l’implosion, tout ceci grace au fameau "scotchophonopiste". Par la suite il éditera ainsi en fanzine des nouvelles de SF et des articles sur la musique contemporaine, le tout étant légèrement provocateur mais surtout brassant des idées saugrenues. Sil réussit même à se faire refuser un texte par le fanzine, qui accepte pourtant un peu tout et n'importe quoi : l'essai faisait un parallèle entre la musique et la masturbation, premier "tatonnement" d'un pseudo écrivain "subversif" décalé pas trés calé. SIL se déplace à la cathédrale de Chartres sur un coup de tête et se fait passer pour un élève de l’école d’orgue d’église pour enregistrer une suite de 90 minutes sur le thème de l’holocauste nucléaire.

 

.ici inclure scène du faux éléve de l'école d'orgue (cathédrale de Chartres)

.ici inclure scène de l'arrivée au train

ici inclure scène de l'église (extrait de "Yared)

.ici inclure scène de l'hotel (le bonheur ridicule)

.ici inclure scene du reve apres le cinema

Il envoie les bandes à une école de danse dans le but d’en faire un opéra muet (!), avec une réponse négative et trés interrogative (tu m'étonnes...). Dans la foulée il invente aussi la "chanson-réalité". Il enregistre la première chanson de la cassette "Aprés le chant brisé" et eclate sa guitare juste à côté du magnétophone, pour qu'on entende bien le bois se briser et les cordes gémir. Apres avoir figé ce dernier instant de créativité il avale deux tubes de divers tranquillisants et boit quelques pleins verres de pastis pur. Aprés s'être un peu promené en ville et avoir pris la tête des commerçants il finira à l'hopital pour un bon lavage d'estomac.

ici inclure scène du suicide en mobylette

L'enregistrement existe toujours, SIL garde tout, même le vomis. Il lit Edgar Poe et se flingue les neurones avec les chants de Maldoror de Lautreamont, le cimetière municipale devient sa promenade préférée : calme propice à la méditation qui justifie de sécher les cours pour hanter le chemin des tombes.

.ici inclure scène de l'inconnue qui donna un baiser dans la cour du lycée

.ici inclure scène de la boum et peut-être du viol

.ici inclure scènes érotiques dans la cabane et dans la carrière

.ici inclure scène de la première fois en bas du lit avec M. + la suite

L'amour désespéré et irréel devient le centre de son inspiration ("Dormeuse de rêves"), pendant qu'il dévelloppe une relation romantico-épistolaire avec une fille trop éloignée. Sil attend chaque jour une lettre d'amour, les lettres s'espacent peu à peu. La solitude est pesante et se ressent dans les chansons, mais un jour lors d'une consultation, une femme psychiatre lui fait l'honneur de vouloir garder l'une des estampes qu'il a peintes, représentant une ville stylisée envahie par des oiseaux-yeux. A partir de ce moment là, le jeune homme ne cesse d'imaginer son tableau tronant sur le mur du cabinet de la psy, et il prend conscience que ce qu'il fait jusqu'à présent a peut-être une certaine valeur, aussi relative soit-elle. Le génie des fous... ou des simples d'esprit ? Aucun génie de toutes façons, juste le symptome d'une certaine solitude, car l'oeuvre a du rejoindre les dizaines d'autres au fond d'un casier où la psy range ces trucs inutiles et embarassants, les scories des adolescents déséquilibrés.

1979 : Aprés avoir ruminé la fin de ses aventures amoureuses et oniriques ("Silérêves"), pour un été, sur l'île d'Oleron, Sil va mendier des légumes abimés au marché pour le compte de Paul Coban, un vieux poête-clodo qu'il accompagne à la guitare lors de ses récitals, devant les touristes dubitatifs (il adaptera un des poêmes en chanson, "tomates rapides", où Coban décrit son artistique crucifixion sous les jets de tomates des auditeurs bourgeois). Puis c'est enfin le début de collaborations avec d’autres musiciens, pour sortir de cette ornière style "artiste maudit": Folk avec Sylvain « Patisson » Rouy ("Patisson walk" dans "Histoire du jouet en cire"), expression vocale avec un groupe expérimental de 8 personnes qui passent leur temps à crier ensemble et à imiter les gémissements les plus bizarres possibles ("Le boeuf de Joe Norgan" dans "La Terre jouant de la guitare"), puis en général Sil essaie de faire participer à ses enregistrements toutes les copines ou amis du moment – les conversations sont enregistrées et sur les cassettes elles sont insérées entre les chansons dans le style « studio-live » .

 

.ici inclure scène avec C au camping dans le lot : intervention surnaturelle d'un ange sur un Sil bourré ayant carrément plié le poteau de tente

.ici inclure scène avec C au "camping" de LR (adultère avec un anglais)

.ici inclure scène de recherche d'univers parallèles sous la tente à R, devant le mur des chiottes

 

Sil joue de nombreux instruments (la plupart sont empruntés), sans en maitriser vraiment ne serait-ce qu'un seul, et il se plait à mélanger les genres. Il se lie donc d'amitié avec qui possède piano, orgue, guitare folk, flûtes, cythare, harmonica, guitare électrique, percus, tambourins, violon, gong… . Sil se pointe un peu partout avec son scotchophonopiste et enregistre des sons et des « participations » plus ou moins involontaires qu’il utilisera parfois plusieurs années plus tard. Ce type mal habillé avec son magnétophone paraît un peu bizarre et ne parvient pas à se fixer durablement dans un groupe de musiciens. Les collaborations ne durent que le temps des enregistrements, pendant lesquels il prend un peu trop la tête des gens, et Sil s'apperçoit peu à peu que ses "amis musiciens" changent souvent de trottoir à son approche : voilà de petites blessures qui forgent l'esprit. Un soir le téléphone sonne et "Patisson" le joueur de guitare demande à Sil (agréablement surpris) de venir rejoindre le groupe de potes "pour faire une fête, quelque part entre amis". "Si si, viens je t'en pris, et apporte ta voiture, nous on est en panne de caisse"...

 

.ici inclure scène du coup de téléphone de Patisson

.ici inclure scène à bordeaux : dans le bus ayant fumé de la noix de muscade (les yeux doux)

Les déceptions distilent leur venin au sein de la musique, les femmes se suivent et ne se ressemblent pas, elles hériteront toutes d'un surnom : le premier amour, la fermière (érotisme dans les bois), la fille à la moto, la folle de "The Wall" (appelée aussi "petite soeur") , la fille champignon (elle s'était fait faire une coifure en forme de champignon, et vous refilait des... champignons). Sil utilise leur voix sur les cassettes, parfois leur mots, dés qu'il peut faire participer une fille il saute sur l'occasion. Si l'on peut dire.

.ici inclure scène de l'embrassade/malentendu avec C + fausse partie guitare sur Wish you were here + Paul Coban

.ici inclure scène de l'attente en bas de chez soi (où C se fait sauter par un pote)

.ici inclure scène de l'accident en se demandant quand sortira la musique de the wall le film

.ici inclure scène de l'adieu à C au train (et pourquoi)

.ici inclure scène à Reims : cadeau érotique et déception du soir de noël

.scène du passage à Paname : kidnappé par un faux psychiatre-proxénète (les mots justes des chansons, le couteau)

 

1982 : Mais il faut aussi faire partie du monde : l'argent ne pousse pas dans les arbres. C'est le début d'une longue série de petits boulots et de petits appartements où Sil ne sera jamais à sa place : on essaye la vie des autres. Par exemple travailler avec les enfants (preuve qu'on emploie vraiment n'importe qui dans l'éducation nationale), ce qui donnera en parallèle deux cassettes aux chansons plutôt critiques à l'égard du système éducatif, qui seront la justification de cette incursion dans le réel. Mis à part quelques morceaux cela ne sera pas ce que Sil a fait de mieux, mais psychologiquement cela lui permettra de se faire l'illusion de travailler non pas pour simplement "gagner sa vie", mais plutot vivre une expèrience pour produire un nouvel album. Encore un joli détournement de réalité...

1983-84 : Aprés cette traumatisante plongée dans l'"establishment", et de nouveau libre de tout engagement envers la société, Sil se déconnecte encore plus et enregistre plus de 2 heures de musiques et chansons "au sujet de l’Eden" inspirées des Rose-croix et de la littérature gnostique science-fictionesque de Philip. K. Dick, ainsi que d'expèriences plus personnelles à caractère chimique (comme celle relatée dans l'interview à la fin de l'article ici). Pour ce faire Sil va enregistrer la messe le dimanche, cantiques qu’il intègre à de la musique de film d’horreur à sa façon, univers parallèles en décomposition. Il achète enfin un petit orgue et n'a plus a enmener son scotchophonopiste chez les potes qui possèdent un clavier (se sont eux qui rappliquent à présent ... "t'en as, c'est de la bonne ?"). Il commence à collectionner les bibles, qui sont trés décoratives. Puis il embraye sur une cassette sur la vie de Saint-Antoine mélangée à différentes choses comme par exemple un gag mettant en scène des poissons rouges (inspiré de l’intro du film des Monthy Pythons « le sens de la vie»). Sil tourne un peu en rond, utilisant les chutes des enregistrements pour créer d'autres albums : le concept et le titre + la pochette de l'album deviennent plus importants que la musique elle-même, celle-ci se fait redondante et ne sort plus du tryptique religion / drogue / science-fiction. On nage en plein délire burlesque, en Eden on fume la moquette. Une partie des cassettes sont enregistrées au milieu d'un groupe de copains baignés de douteuses éffluves, dans un garage décoré de tentures indiennes où tout le monde crie à tue-tête. Des reproductions de Jerome Bosh trônent au milieu des murs et dans la musique, ainsi que plusieurs blondes qui écoutent Sil sermoner, et les bouquins de Philip K.Dick se fendent la gueule. C'est l'Eden. Sil prend de mauvaises habitudes et reçoit des gens louches qui s'amusent à couper une espèce de pâte brunâtre avec un cutter, laissant des entailles sur la table de la cuisine. Ils ont aussi des petits sachets à remplir et font toutes sortes de choses avec une sorte de sucre brun. Le matin, avant même de boire un café, le copain qui dort par terre à côté vous apporte un gros cône. C'est l'Eden. On raconte de drôles d'histoire autour de Sil, comme celle de ce cramé qui s'est soudain arreté de conduire pour mordre ses pneus de voiture, et d'ailleurs c'est peut-être le meme type qui s'est pointé chez lui l'autre jour et a bouffé toute une tablette en prétendant que c'était de la chinoise. Ca n'existe pas, la chinoise, sauf peut-être en Eden. Et il y a aussi ce véritable ami qui a fait plus de dix kilomêtres aller et retour pour ramener un sachet de pâtes, parce qu'il n'y avait rien à bouffer ce soir (ah si, elle étaient rangées ailleurs). L'Eden, c'est le royaume des pâtes de toutes sortes. Une certaine routine s'installe, tous les vendredis on remplit la petite voiture (couleur vert pomme et douée pour attirer les flics) pour aller dans l'autre ville 40 kms plus loin, pour la "soirée dope". Là on joue au tarot, toujours à la même table dans le même café-de-la-poste, aprés quoi tout le monde se fait son petit fix puis dort dans sa voiture, sur le parking. Un autre soir Sil et son pote (qui plus tard se convertira à la religion musulmane) décident de voler les poubelles des pharmacies de la ville, et de fouiller dedans afin d'y dénicher quelque chose à s'injecter. Ce qui fut fait... Tout est possible en Eden, et tout aurait pu s'arrêter là, mais au dernier moment avant de planter l'aiguille l'ange de la mort a dit "pas encore", et aussi "faudrait peut-être arréter les conneries...".

.ici inclure scène érotique de la nympho qui se faisait tout le groupe de copains

.ici inclure scène du harcèlement de Monsieur Béhigot

.ici inclure scène de la quasi-overdose (+ scandale dans la rue)

.ici inclure scène des poubelles des pharmacies

.ici inclure scène du LSD et hopital

1985 : Aprés être passé par la case désintox + tranquilisants, sur un comp de tête Sil organise l'unique vrai concert de cette époque préhistorique, estampillé « SILEREVES », à Angoulême. Tout est organisé au culot en se faisant passer pour un groupe pro. Aprés avoir écouté le fils du propriétaire de la salle lui raconter ses liens avec le KGB et les extra-terrestres, Sil commence le concert devant une petite salle pleine (facile, elle est si petite). A l’aide d’un orgue bricolé au fer à souder lors d'un stage d'électricien industriel (au lieu de participer aux cours Sil utilise le matèriel de l'état), et d’une guitare Folk dans laquelle il a fixé un micro de chant à l'aide de scotch, Sil joue et chante 2 heures de "best-of" de ses morceaux, pendant que sa trés jeune amie Val dessine sur un tableau blanc les idées qui lui passent par la tête, sensées être en rapport avec les morceaux (tout en improvisant les coeurs, et en évitant d'avoir l'air ridicule). Ca ressemble plutot à un "happening", en fait. L’affiche du concert est une estampe à l’encre de chine qui représente un champs de blé ou trône un œil, ce qui fait que les gens ont cru venir assister à un concert folk ( à cause du blé). Sil fait éteindre toutes les lumières pendant 20 mns pour improviser un monologue à drôle de voix en imitant un fou (« le cube blanc ») : "je suis dans un cube blanc, il est vide, vomissant le son absent...". A la fin du concert seule une personne est restée (la plupart ont profité de l'extinction des lumières pour se tirer) : c'est une cousine de Val, venue pour lui faire plaisir. Alors elle est restée, toute seule. Et à ce moment précis Sil passe entre deux vies, il entrevoie la subjectivité du jugement artistique. Des black organisent un boeuf et lui demande de participer, mais Sil refuse en argumentant qu'il ne sait pas réellement jouer de la guitare (il joue en Open-tunning la plupart du temps), et les musiciens de reggae lui répondent "mais non, t'as vu comment tu joues !". Pourtant ces gens n'étaient pas dans la salle...

.ici inclure scène du concert à Angoulème

Sil signe donc par la suite une cassette trés "guitare" avec quelques chansons. Dans le même élan, dans un trou du temps où l'on se demande à présent ce qu'il a bien pu se passer d'autre , il enregistre "Sous l'été crysalide" et une histoire de clodo ( sorte de "clochard céleste" à la Kerouac où la tristesse rivalise avec l'absence de textes). Faire des cassettes est malheureusement devenu une habitude, et pendant que Sil expérimente l'hilarité du travail en usine, l'odeur de l'ammoniac (et les rapports conflictuels de la hierarchie), les chansons s'effacent pour laisser place à des expérimentations sans aucun concept, si ce n'est le goût du vide et des flottements. Toute idée de concert semble bannie à jamais, jusqu'au moment où Sil décide de sortir de cet isolement où l'avait mené la pèriode "Eden", pieuvre dont les tentacules étaient finalement bien plus grandes qu'il l'avait immaginé :

1989 : On retrouve Sil en train d'apprendre la Basse dans un groupe d’accompagnement de solistes d’harmonica, parallèlement il utilise les enregistrements des répétitions comme fonds pour des plages expérimentales ("Limbes", "Radio Soledad"). Il fait ses premières scènes dans cet orchestre un peu spécial (spécialisé dans les reprises de musiques classique façon variétoche), dans un cadre totalement inadapté à ses goûts plus "psychédéliques". Mais le décalage entre le côté "bauf" et les musiques qu'il prépare seul, ce décalage provocateur n'est pas sans lui déplaire, c'est le décalage ultime, divin. Il enregistre toujours tout, en fait surtout les espaces entre les morceaux de musique, là où les gens parlent dans le fond et où les notes s'essaient dans une étrange cacophonie (début de "Laïus").

.ici inclure scène de l'homme jaloux qui tombe dans les pommes, + érotisme et photographie

.ici inclure scène de l'invitation à un peu de chaleur humaine (par Rose)

En 1992 il existe plus de 30 cassettes "concept-albums"enregistrées sur des thèmes aussi divers que les enfants, la folie, l’amour, la foi, l’absurde, l’hallucination. Chansons folk dramatiques entrecoupées de longues parties de musiques ambiantes et d’intermèdes absurdes, de bruits de la vie courante, de sons de la vie dormante. Et la vie s'est faite un peu plus sage et organisée, un peu moins épique : il y a une famille à présent, bientôt un enfant. Sil décide de rechercher un vrai groupe et fait ses classes comme bassiste de Rock au sein d’ARAL3, trio néo-métal parfois extrêmement violent (ceci bien-sûr tout en continuant les expérimentations bruitistes et planantes, qui seront réunnies plus tard dans "Laïus Outtakes"). Sil signe au sein de ce groupe les chansons engagées anti- «pensée unique » et les interprète sur scène. Encore un autre décalage par rapport au côté cool des compos qu'il prépare en même temps, où la basse tisse des nappes de violons au milieu de la jungle pleine d'échos de ses bruitages, mais expérience de scène bien réelle. Sa basse officie en même temps au sein de petites formations de Blues-Rock dont les noms changent en fonction des concerts, mais qui permettent des rencontres interessantes.

1995 : Après plus de cent concerts, tous enregistrés, et des situations vraiment rocambolesques et étranges (jouer dans un ancien moulin tenu par des hobbit-jumeaux, jouer sous la foudre, jouer à moitié nus au milieu de nymphomanes, jouer déchainés devant 3 personnes dans une salle prestigieuse, jouer acrroupi parce que mal au ventre... bref), ARAL3 se sépare aprés avoir changé 4 fois de batteur.. Par la suite Sil envoie aux labels la cassette « SunMarieSunLaïus», suite ininterrompue de morceaux Rock minimalistes et de psycho-ambiant sur le thème du fascisme sous-jacent et des camps, qui est en fait composée des morceaux préparés pour le groupe. Cet enregistrement lui vaut de bonnes critiques dans certains fanzines. Le temps du scotchophone est révolu, bienvennue au 4 pistes Tascam.

1996 : Le Tascam cède lui-aussi sa place et le nombre de pistes enregistrée n'a pratiquement plus de limites : la musique assistée par ordinateur se démocratise et permet à Sil de composer en midi « La porte d'or / soundtrack d’un film imaginaire », musiques électroniques symphoniques, cycliques et mystiques (et c'est pas fini), basées sur le concept de la vision d’une porte au milieu du désert permettant d’accéder à d’autres mondes parallèles révés (Philip K. Dick n’est à nouveau pas trés loin, Terry Gilliam non plus). Cette histoire de porte rejoint celle contée dans "suite au sujet de l'Eden", ce thème semble hanter à jamais la musique de Silérêves. : l'Eden accessible par un passage révé (mais ici sans usage de drogues). Il s'en-suit une pèriode de retouches et de retouche des retouches du midi et des Waves- files, lent et redondant peaufinage sur l'ordinateur ... SIL tourne en rond et en MAO pendant plusieurs années où il envisage presque d'arrêter la musique. Son visage se reflette dans l'écran, vainement.

1999 : Mais la musique on ne peut l'arreter, c'est "en soi". Alors trois ans plus tard Sil enregistre le EP « Mystère dans le coeur des hommes-machines », 5 morceaux new-age mélodiques dont 1 chanté, qui sera félicité par le magazine Computer-Music. A la suite de ça et grace à l'informatique, Sil peut numériser et graver sur CD « SunMarieSunLaïus» (re-envois aux labels, etc...). C'est alors le début de l'archivage de toutes les vieilles bandes analogiques, dont le son est nettoyé et équalisé. Puis sur la demande de J.M. Jeannet ARAL3 se reforme un moment et Sil en profite pour faire enregistrer une démo 8 titres au groupe, qui est envoyée aux médias et aux tourneurs, mais sans succés. Et la formation meure une seconde fois, sans avoir fait un seul concert.

2000 : Sil enregistre les 2 morceaux électroniques de "Toutes choses immuables", où il essaie une utilisation différente de sa voix toute nue (placée en opposition avec les sons électroniques), mélangée à des nappes électroniques à la Klaus Schulze. Il retouche encore « La porte d'or » et grave sa "version finale" sur CD avant d'envoyer ça aux labels, etc… C'est aussi le début de la mise en ligne de morceaux sur internet : le premier site sera le fameux MP3.Com. Un nouveau "marché" vient de naître, mais surtout de nouvelles impulsions, de nouvelles oreilles à l'autre bout du Web qui donnent envie de composer. Car finalement il s'agit toujours de composer pour quelqu'un : ça peut être le copain qui passera dans deux jours (peut-être), ça peut-être ce label prometteur qui semble avoir les idées larges. Chaque écoute donne une identité au compositeur, une substance à son existence cachée. Et à présent, Sil va composer pour le monde entier. Alors il est temps d'entreprendre une sorte de "résumé" de tout ce qui a été avant cette "ouverture" au monde, de sauver les cassettes de l'oubli :

2000 - 2001 : Enregistrements des overdubs, remixage, et compilation de morceaux appartenant aux précedents cd’s pour la conception de « SIL MARYSUN – POEMES ET LAIUS RETOMBES SUR TERRE » (en fait un premier éssai de "Patchwork") , qui contient des passages provenant des cassettes d’avant 92 + des overdubs de percussions, de claviers, et parfois de nouvelles paroles. Mais les bandes des anciens enregistrements sont souvent irrémédiablement abimées... de plus leur restauration sur ordinateur dénature horriblement le son : il faudra attendre 2004 pour avoir des outils satisfaisants et offrir un catalogue plus fidèle, moins trafiqué. Sil envoie aux labels ces "Poêmes et laïus", il met des extraits en ligne sur « Sincever.com » (avec une très bonne critique). ARAL 3 étant mort, Sil décide de faire le CD des chansons solo de Jean-Marie Jeannet, il réalise tous les arrangements (claviers, slide-guitare, cœurs) et tous les overdubs de son pote chanteur-guitariste, à partir d'enregistrements 2 pistes guitare/chant. Certains morceaux sont tellement retravaillés qu'ils en sont devenus "silerevesques" et n'ont plus grand chose à voir avec les compositions de Jeannet : ces instrumentaux seront ré-utilisés pour "Patchwork", quelques années plus tard, faisant de JMJ le co-auteur involontaire d'une petite partie de l'oeuvre (faut-il vraiment calculer les royalties ?). Cette expèrience est suivie de plusieurs concerts où Sil accompagne le chanteur avec un double clavier bricolé et dangeureusement instable qu'on pourait nommer le "clavioPCpédalophone", digne héritier d'un certain magnéto. Le duo apparaît dans une compile baclée "Le printemps des poêtes". Puis dans la foulée du travail avec JMJ, et reprenant la même façon de mixer et les mêmes instruments (hormis la batterie), Sil enregistre les 2 titres folks « Le monde » et « Pardon aux enfants » . S'en-suit le mise en ligne presque habituelle sur Internet, qui est entre-temps devenu un média incontournable, ainsi que celle d'autres morceaux alternatifs incluant Jean-Marie-Jeannet à la guitare. Pour gérer ces différents projets, Sil a l'idée d'endosser sur le net quatre identités virtuelles ( pour définir les styles et les expériences de groupes à géométrie variable) : SILEREVES bien-sûr (new-age / planant / bruitisme/chansons/indefinissable), mais aussi SIL MARYSUN (chansons / Soft Rock ), INZEBOKAL (technoRock / drum’sbass), DADA DES BLOCKS (bourrée technoïde humouristique). Inzebokal puis Sil Marysun se retrouvent en tête du « Top 20 » du « village » sur Internet, et les morceaux paraissent à 40000 exemplaires dans l’écho du village dans toutes les maisons de presse. Nul ne sait les invendus ni ce que les gens ont retenus des CDs du mensuel (quelques temps aprés d'ailleurs ce journal unique en son genre n'éditera plus de CD puis finira par disparaître totalement). Paraissent également par la suite les morceaux enregistrés avec Jeannet, Dada des blocks, puis enfin « l’enterrement » signé Silereves. En fait, derrière ce fantasme virtuel, le cercle des amis musiciens se limite à trés peu de gens. Alors pour faire de la "vraie" musique Sil accepte la proposition de Jeannet de tenter à nouveau l'expèrience de groupe et entre en répétitions pour bosser comme bassiste dans « APSIDE », dernière et ultime incarnation d'Aral3. Mais le groupe tourne court, les concerts sont rares et les répétitions tendues. Le temps où l'on pouvait négocier des concerts au jour le jour semble bien fini et les places sont chères. Pourtant le "Rock alternatif français" est de nouveau en plein essort mais Apside arrive un peu trop tard dans la foulée. Un peu plus d'un an après sa formation, même si la musique est beaucoup plus aboutie qu'avec ARAL3 (tempo ! tempo !), l'expèrience se solde par un nouveau split, malgré des concerts dans de belles salles et la production d'un démo-CD dont la moitié est enregistrée cette fois-ci dans un vrai studio pro (avec un voyage à Paname, sac de couchage dans le studio et tout et tout). Malheureuse expérience donc, aussi bien humaine que musicale (puisqu'elle se double d'un schisme définitif avec son ancien compagnon de route JMJ), et qui incite Sil à revenir à ses "sources" pour continuer à produire pendant plus d'un an la somme de son "oeuvre", alors que toutes les cassettes sont enfin plus ou moins bien numérisées dans le "Cephilia prod. katalog" (label mental non-administré).

Ainsi est né "PATCHWORK", une oeuvre éclectique et donc déjà maudite au niveau commercial, un résumé en mouvement constant et aux multiples versions déjà (petites modifications d'une édition à l'autre, ajoût d'un solo d'harmonica, d'un son par ci par là, etc...), un pavé inclassable et totalement libre de plus de 2 heures, fidèle au style Silerevesque mais ne sacrifiant pas au serieux pathos de bout en bout (tout comme ce site d'ailleurs), mélange de philosophies et d'entr'actes burlesques, de puits noirs sans fond et de ciels coloriés pastels, d'électronique et de guitare champêtre, de chant et de simples mots, de passé et d'autre chose, l'Enfer et l'Eden... La vie, quoi.

.ici inclure scènes de solitude dans la fête à différentes époques (en bôite, dans un groupe d'amis / plus tard en écoutant "Meedle"...) : on en pâtit ou on s'en délecte ?

.ici inclure "Sil s'en va au ciel"